Abstract | Singapour, perspectives sur les formes de nature et le renouvellement des typologies d'espaces publics au sein des HDB, quartiers de logements publiques. Au sortir de son indépendance, Singapour a subi de profondes mutations. Sous l'impulsion de l'ancien premier ministre Lee Kuan Yew, les divers plans pour le développement urbain visaient à la construction du nouvel Etat, avec la volonté forte et réussie de loger l'ensemble des habitants . Cet accroissement rapide du parc immobilier public va de pair avec les premiers efforts pour verdir la capitale et créer de nouveaux espaces publics au sein des quartiers de logements publics - HDB (Housing Development Board). Le climat tropical fait de la nature, un matériau abondant et propice à un façonnage multiple. Elle devient un emblème et un outil majeur de l'attractivité de la nouvelle nation, qui se proclame très tôt cité-jardin à sa manière. Cette stratégie, support de la vision du premier ministre, n'a de cesse d'évoluer et accompagne les transformations successives du paysage urbain, avec des typologies d'espaces publics variées, et une volonté affichée d'exposer la nature urbaine en de multiples territoires de l'innovation. L'idéologie "verte" répond à une volonté d'abord politique d'organisation de l'espace, pour l'attractivité du pays à des fins de rentabilisation du marché immobilier et des capitaux étrangers, mais aussi à une demande intérieure de diversification du paysage monotone hérité des deux premières générations de quartiers de logements publics. Singapour entend se placer à la pointe du développement durable dans l'aménagement public paysager à l'échelle internationale et affiche sa singularité en multipliant les dispositifs de mise en œuvre du vert jusqu'à clamer plus récemment son statut de cité biophilique. Se juxtaposent alors, plusieurs typologies paysagères planifiées et des étendards végétalisés tels "Garden by the bay", aux côtés de formes héritées de la période coloniale, des parcelles de forêts ou des premiers développement des années 60. L'espace public est constamment façonné avec de nouvelles propositions d'HDB toujours plus denses, grignotant davantage dans les réserves de forêts secondaires en attente de redéveloppement. Cette panoplie d'espaces publics, aux allures innovantes, multiplie des organisations spatiales (verticalisation des espaces publics entre autre) et fonctionnelles de la nature, à l'aide de nouvelles thématiques (culturelles, environnementales, symboliques, etc.), des transactions de la masse végétale, et une évolution dans la perception, les pratiques et les guides d'aménagements paysagers, afin de générer peut-être de nouveaux usages auprès des habitants, consultés en fin de chaine. Singapour, nature urbaine manucurée certes, mais aussi financiarisée, 'esclave' de la technologie, parfois un peu 'sauvage' et encore bien d'autres images et formes. Une telle entreprise, dans le spectre d'un nouveau paradigme environnemental, questionne profondément les dimensions socio-culturelle et proprement écologique et durable des projets à l'œuvre, aux différentes échelles du territoire. Elle interroge également la perception et l'appropriation faite de la nature urbaine, alors même qu'elle est l'objet d'une quête de sens et d'une relation nouvelle au territoire, médiateur d'un idéal soutenable; et ailleurs, un instrument de régénération urbaine par le bas, pour beaucoup de communautés de quartiers attachées à maintenir ou améliorer la qualité de leur environnement quotidien. |
---|